Portraits, parcours de vie de quelques-uns des adhérents transplantés de Trans-Forme...
● Gisèle BREUIL-BOZZO, 66 ans – (Marseille)
Transplantée d’un foie une première fois en 1992 et une deuxième fois en 1997.
Dès sa jeunesse, Gisèle était une sportive acharnée. Nageuse de haut niveau, à l’adolescence, elle enchaînait déjà les compétitions de natation à un niveau régional.
A 35 ans, elle commence à pratiquer la course. Pour le plaisir d’abord et « garder la ligne »... Elle n’en reste pas là bien sûr : elle s’attaque au triathlon longue distance (4 km de natation, 180 km à vélo et 42 km de course) pour lequel elle atteint la sélection en équipe de France en 1988 et 1989. Elle décroche le titre de championne d’Europe de Triathlon pendant deux années consécutives (1988 et 1989), sur grandes distances et toutes catégories.
Gisèle vivait à mille lieues de la maladie.
Le jour de ses 45 ans, elle se souvient encore de «cette atroce douleur au foie ». On lui découvre une tumeur qui s’avère être un virus peu connu, tuant peu à peu son foie. La greffe est inéluctable.
Pendant cette période d’attente de la greffe, des douleurs intenses surviennent par crises, difficiles à endurer se souvient-elle, mais qui malgré tout, ne l’empêchent pas de maintenir une activité sportive. La greffe a lieu et lui permet de reprendre l’ensemble de ses activités.
Après une période de répit de 4 ans, des complications inattendues se manifestent. Il s’avère qu’elle souffre d’une thrombose hépatique des suites de sa transplantation. Les voies biliaires sont très atteintes et son état empire au point qu’elle est hospitalisée pendant 6 mois en service d’urgence (obligation d’être nourrie artificiellement tous les jours). La 2ème greffe a lieu in extremis. Et la sauve.
Elle reconnaît avoir beaucoup plus souffert au cours de la période d’attente de la deuxième greffe où elle s’est vue condamnée. Et, sa capacité à combattre, à se dépasser résultant de son habitude de la compétition sportive, lui semble rétrospectivement, avoir beaucoup contribué à lui sauver la mise pendant cette très difficile période.
Depuis, elle vit normalement.
Gisèle aligne encore chaque année, 6000 km au compteur de son vélo.
« Depuis ma première greffe, le sport a pris encore plus d’importance dans ma vie. Il m’a aidé à lutter contre l’image que j’avais de moi. Celle d’une personne malade ».
Aujourd’hui encore, Gisèle devance souvent ses cadettes dans les compétitions auxquelles elle participe.
Tous les jours sans exception, elle a une pensée pour les deux donneurs inconnus : le leur parle, je les remercie de m’avoir permis de voir grandir mon fils qui à 22 ans maintenant. Elle a appris « à déguster chaque instant ». Elle ne parle jamais de ses opérations sauf pour « encourager le don d’organes ». Car elle sait que pour des milliers de malades à travers le monde, l’alternative est simple : un organe ou la mort.
Au fond, la maladie et le sport, c’est pareil. La ligne d’arrivée peut paraître loin, mais on y arrive ».
Aujourd’hui, elle pratique le cyclisme, la natation, le footing et la marche 4 à 5 fois par semaine. Gisèle a été médaillée 4 fois à tous les Jeux mondiaux auxquels elle a participé et remettra en jeu ses médailles, cette année, une fois encore.